Martine Fournier
Dans le monde devenu évolutif et mouvant, qui connaît précisément les informations pertinentes et importantes que les élèves actuels auront besoin de connaître dans le futur ? Cette question, les éducateurs et les formateurs se la posent depuis déjà longtemps. N’est-il pas plus utile de développer les qualités pour « apprendre à apprendre » que de charger les élèves de connaissances dont beaucoup risquent d’être très vite obsolètes ? C’est la recommandation de la politique éducative européenne, qui prône une approche éducative par les compétences ; c’est aussi le choix de plusieurs pays européens qui privilégient dans leurs programmes scolaires le fait d’« apprendre à apprendre ». Mais comment développer cette compétence ?
Dans une récente livraison de la revue Administration et Éducation, Bryony Hoskins, de l’Institut d’éducation de l’université de Londres, dresse un panorama des différentes voies adoptées en Europe.
Certains pays comme l’Espagne ou la Finlande mettent l’accent sur l’approche cognitive et les processus internes conduisant à l’apprentissage (métacognition). Apprendre à apprendre est considéré comme un acte réflexif, dans lequel l’élève apprend à analyser et à valider ses stratégies d’apprentissage et à s’autoévaluer.
Du côté anglais, mais aussi en Italie, en Australie et en Chine, c’est plutôt l’approche socioculturelle qui est privilégiée. L’université de Bristol, par exemple, a établi un programme destiné à mesurer les dispositions de chacun à apprendre de manière effective tout au long de sa vie (effective lifelong learning inventory). Ce sont alors les attitudes, les capacités relationnelles, les valeurs des personnes qui conditionnent ce que les chercheurs britanniques appellent le « pouvoir d’apprendre ».
On notera que ces deux approches théoriques ne se contredisent pas et sont même plutôt complémentaires. Il reste, conclut l’auteur de l’article, que même s’il n’existe pas encore d’instrument d’évaluation sur la question, il serait urgent d’« enseigner à enseigner l’apprendre à apprendre » ! Une question très sérieuse en fait, qui interpelle, partout dans le monde, les modalités de la formation des enseignants.
Bryony Hoskins, « Apprendre à apprendre en Europe », Administration et Éducation,
http://www.scienceshumaines.com/index.php